Entrant dans sa sixième année d’existence, Saar, formation post-rock parisienne, ne cesse d’expérimenter pour mieux se régénérer. Délaissant les longues compositions de son premier album The Last Day sorti en 2013, le groupe revient à des formats plus courts pour son nouvel LP Sol. Assumant ses divergences, la bande multiplie les effets d’annonce traversant les atmosphères contradictoires. Ses quelques excursions math-rock décalées (Mindness) parfois tribales (Sol) prennent de la valeur dans une éloquence post-hardcore mélodique et supersonique. L’album se conclut également par une longue tirade, résumé de l’étendue du registre qu'il évoque (Vivat In Æternam). Au cœur d’une liberté créative, Saar désarçonne son auditoire. Loin de l’homogénéité chère aux groupes post-rock, Sol s’apprécie par ses changements d’intensité antagoniques mais pas moins indissociables par leur rugosité. Ses distorsions élémentaires ne s’avèrent en rien diminuées par quelques guitares claires toutes aussi rêches. La batterie subit également le même traitement bien que sa spatialisation participe au climat de l’album. Malgré ses diverses digressions, Saar s’impose comme un groupe de post-rock équivoque. Son potentiel scénique, à l’image de son passage studio, sera à découvrir dans quelques semaines sur les scènes d’Europe.

Baron Nichts