Quittant le froid messin pour les températures glaciales de Montréal, Mell n’a rien perdu de son aura rock’n’roll et romantique. A l’aube de son cinquième et double-album Déprime & Collation, l’artiste expérimente le registre lo-fi pour illustrer son spleen cynique et envoutant. A travers ses textes légers mais limpides, la chanteuse remet au goût du jour les boites à rythmes et synthétiseurs du siècle dernier. Leurs sonorités de prime abord kitchs confèrent à Mell une personnalité mystérieuse dont le charme démontre la qualité de ses fondamentaux. Puisant dans la chanson française, et notamment auprès d’Alain Bashung et Françoise Hardy, l’artiste navigue à l’aveugle entre douceur et rancœur. La chanteuse se perd alors au sein de compositions ralenties et minimalistes. Si l’absence de titres plus volubiles s’avère notoire malgré quelques belles tentatives (Danse et Mort de rire), Déprime & Collation gagne en épaisseur grâce à ses écarts instrumentaux. Là où les mots expriment l’amertume, les compositions instrumentales renforcent la perdition de la musicienne parmi la réverbération, illustration d’une traversée du désert dans une jungle urbaine. Voilà un exode réussi pour Mell poursuivant gracieusement ses états d’âme mélancoliques.

Baron Nichts

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