A L'OMBRE DES SCÈNES #7 - JASON ROBERT : ACALMI
04 oct. 2021Ils sont passionnés de musique, mais pas forcément musiciens. Indispensables au réseau musical indépendant, ils s'activent A l'ombre des scènes, pour que les décibels jaillissent.
Chalonnais d'adoption depuis 2010, Jason Robert n'a cessé de collaborer à des projets musicaux au coeur de la scène musicale champenoise. Son dernier en date, en tant que président de l'association ACALMI, propose un modèle alternative de découvertes d'artistes en tous genres inspiré des AMAP. Rencontre.
Kaput Brain webzine : Bonjour Jason, merci de consacrer un peu de temps à Kaput Brain webzine. Pour commencer, peux-tu présenter en quelques mots l’ACALMI ?
Jason Robert : L’Association Culturelle, Artistique, Locale, Militante et Inspirée (ACALMI) a pour objectif de valoriser le travail des artistes de Châlons et de son agglomération en mettant en lumière leurs œuvres, peu connues ou ayant une diffusion limitée. Le bassin chalonnais regorge de multiples talents amateurs, émergents ou confirmés, parfois peu ou pas médiatisés.
L’ACALMI milite pour rendre la culture la plus accessible à tous et à toutes. Elle est inspirée comme le sont tous les artistes qui créent et qui nous inspirent de la joie et de l’admiration. Pour imager, notre association équivaut à l'œil du cyclone, cette zone d'accalmie située au centre du cyclone artistique. Elle est épargnée par la tempête socioéconomique qui ébranle le secteur culturel, fortement impacté en raison des mesures successives de confinement mises en place pour lutter contre la propagation du COVID-19.
Inspiré du fonctionnement d’une AMAP et d'une Association pour le Maintien des Alternatives Culturelles (AMAC), le collectif agit selon le principe du circuit-court, local, par la vente directe, du « producteur » d’œuvres culturelles au « consommateur » de culture. Ce type d’initiative, sociale et solidaire, permet, ainsi, de garantir une juste rémunération des artistes.
KB : Peux-tu présenter l’équipe qui constitue l’association ?
JR : Nous sommes actuellement 7 administrateurs dans l’association provenant d’horizons différents.
KB : L’ACALMI a pour but de proposer à la vente des paniers culturels inspiré notamment par le concept des AMAP que tu as déjà évoqué ? Comment vous est venue cette idée ? Existe-t-il d’autres initiatives de ce genre ailleurs en France ou dans le monde ?
JR : L’idée de créer une AMAP culturelle a émergé dans le contexte de crise sanitaire dans le but de créer un lien supplémentaire au niveau local entre les artistes et les habitants du territoire. Face à la fermeture administrative des lieux de vie et des lieux culturels, la dynamique collective a été réduite à néant et le spectacle vivant d’autant plus. Si nous ne pouvons plus temporairement ou difficilement programmer de spectacles vivants et si l’accès à la culture est limité - voire inaccessible pour certains – à la consultation des outils numériques et à la consommation de streaming, de live ou de visites virtuelles payants, comment recréer ce lien entre les artistes et le public de manière alternative pour ne pas se déconnecter de ce qui nous émeut et nous accompagne en tout temps ?
La création d’une AMAP culturelle nous a semblé être le moyen dans ce contexte pour soutenir de manière pérenne les artistes indépendants et surprendre les habitants du territoire en leur faisant découvrir ou redécouvrir l’essentiel, par l’intermédiaire d’œuvres réalisées par les artistes locaux, composant les paniers culturels, que nous avons désigné les petits « V.R.A.C » comme vecteur-récepteur d’art et de culture.
Des initiatives de ce genre existent déjà depuis quelques temps à Nantes, Lyon, Lille, Saint-Étienne, Paris ou encore Toulouse.
Crédits photo : Sonia Legendre - L'hebdo du vendredi
KB : Quelle périodicité allez-vous adopter pour la diffusion des paniers ?
JR : Nous concoctons et remettons aux souscripteurs quatre paniers annuels. Un panier par saison, soit un panier par trimestre.
KB : Le but de l’association à travers ces paniers est avant tout de soutenir la scène artistique chalonnaise. Comment comptez-vous aider les artistes ? Quelles seront vos moyens de financements ?
JR : Nous ne sommes pas dans une démarche commerciale. Les montants issus de la vente des paniers culturels sont directement et exclusivement reversés aux artistes, sans que l’association n’en tire de bénéfices. Ce sont les artistes qui fixent les prix. Nous composons les paniers d’œuvres dont les prix oscillent entre 5 et 15 € afin de pouvoir proposer une offre avec à minima quatre œuvres, pour un total de 40 € par panier et par trimestre. Le paiement de la commande de l’œuvre produite par l’artiste est effectué à l’avance.
Nous proposons aux artistes qui ont contribué aux paniers de venir présenter leurs projets ou de se produire, lors de l’évènement de remise des paniers. Nous espérons, en fonction du montant des dons obtenus et des bénéfices dégagés, d’accompagner et soutenir financièrement, sous forme de donation, un projet porté par des artistes ou un collectif d’artistes. L’association pourrait ainsi être mécène dans le cadre de la réalisation et la production d’un EP, l’édition d’un livre, l’achat de matériel spécifique, par exemple.
KB : Concrètement, comment seront constitués ces paniers ? Quels domaines artistiques allez-vous toucher ? Allez-vous développé des thématiques particulières ?
JR : L’ACALMI propose une offre pluridisciplinaire qui permet d’élargir les représentations culturelles et faire découvrir une grande diversité de disciplines artistiques. Le petit V.R.A.C s’adresse à tous les publics, même les enfants. Il peut être composé de différentes œuvres musicales, audiovisuelles, picturales ou littéraires. Une sélection d’informations culturelles et de bons plans sera également proposée. A cela peuvent s’ajouter des surprises : des invitations à participer à des ateliers « découverte » de pratique artistique, à un vernissage, à une répétition publique, une visite de coulisses, à des échanges avec les musiciens en backstage avant ou après un concert…
KB : Allez-vous développé des thématiques particulières ?
JR : Nous espérons développer une thématique particulière pour le panier du printemps : un panier dont les ouvres sont réalisées à 100 % par des artistes féminines.
KB : Comment les personnes intéressées pourront-elles acquérir un panier ? Doivent-elles s’inscrire à l’association ?
JR : Pour la première année, l’association proposera un seul choix de panier au prix unique de 40 €. Au prix du panier s’ajoute une adhésion annuelle à l’association, soit 5 €. Ainsi le premier panier coûtera 45 € et les trois suivants 40 €. Soit un total pour 4 paniers annuels de 165€.
L’association offre la possibilité aux souscripteurs de payer les paniers en une, deux ou quatre fois sans frais, de préférence par chèque ou en espèce. Les chèques seront encaissés trois mois avant la distribution du panier en cours. En adhérant à l’association, les contributeurs s’engagent à passer commande pour tous les paniers de l'année ou cas d'adhésion en cours d'année pour tous les paniers restants. Les artistes ayant besoin d'un temps de production, les adhésions
KB : Concrètement, comment seront constitués ces paniers ? Quels domaines artistiques allez-vous toucher ? Allez-vous développé des thématiques particulières ?
JR : L’ACALMI propose une offre pluridisciplinaire qui permet d’élargir les représentations culturelles et faire découvrir une grande diversité de disciplines artistiques. Le petit V.R.A.C s’adresse à tous les publics, même les enfants. Il peut être composé de différentes œuvres musicales, audiovisuelles, picturales ou littéraires. Une sélection d’informations culturelles et de bons plans sera également proposée. A cela peuvent s’ajouter des surprises : des invitations à participer à des ateliers « découverte » de pratique artistique, à un vernissage, à une répétition publique, une visite de coulisses, à des échanges avec les musiciens en backstage avant ou après un concert…
Le bulletin d’adhésion, à compléter, est disponible à La Cantine du 111 ou transmis par mail sur simple demande :
acalmi@mail.fr
KB : Au-delà de cette activité principale, allez-vous développer des projets annexes en lien ou non avec la constitution de ces paniers ?
JR : Les contributeurs ou "culti’culteurs" viennent chercher 4 fois par an leur "panier culture" lors d'un évènement convivial organisé par l'association. Lors de ces rencontres, seront mis en avant les artistes qui ont contribué à l’élaboration et à la constitution du panier culturel. Au cours de cet évènement, les contributeurs, amateurs de bonnes surprises, découvrent le contenu du panier.
La remise des paniers se déroulera la première année principalement à La Cantine du 111. Elle pourra être conduite par la suite dans d’autres lieux partenaires.
KB : A l’heure du numérique, avez-vous envisagé des paniers dématérialisés ?
JR : C’est une idée qui ne nous a pas traversé l’esprit. Nous aspirons à provoquer des rencontres, à favoriser des échanges et de créer des liens entre les artistes et les contributeurs.
KB : Combien de personnes espérez-vous toucher avec ce projet ?
JR : Nous avons pour l’instant réuni 17 souscripteurs. Nous espérons en toucher 30 à 40 pour la saison 2022-2023.
KB : Avant de conclure cette interview, recentrons-nous un peu sur toi et tes activités. Comment es-tu devenu président de l’ACALMI ? Qu’est qui t’a séduit dans ce projet ?
JR : J’ai rejoint un collectif de personnes motivées pour co-construire et co-animer un projet qui nous tient à cœur. Elles m’ont accordé leur confiance en m’élisant président, mais nous sommes avant tout une équipe impliquée. Le titre de président n’est qu’anecdotique, dans un but d’officialiser l’association auprès de l’administration.
Ce qui m’a séduit dans ce projet est de poursuivre la démarche engagée depuis quelques années d’aider, à ma petite échelle, à promouvoir les artistes locaux ; de soutenir leurs projets ; et de contribuer à la création, la production, l’édition et la diffusion d’œuvres culturelles et artistiques originales et variées. L’idée de sortir des canaux classiques de diffusion de la culture m’a également attiré
KB : Au-delà de l’ACALMI, es-tu musicien ? As-tu d’autres projets liés à la musique ?
JR : Actuellement, je suis batteur pour Dead Hunters, groupe de Stöner Doom instrumental. J’ai officié dans d’autres groupes chalonnais auparavant. Je co-anime et la co-administre aussi les pages Facebook du collectif Altern’Art et [MobiliSONS Epernay - Chalons en Champagne - Vitry] Musiciens et Créatifs qui sont des outils mis à la disposition des artistes locaux pour promouvoir leurs actualités. Ils peuvent l’alimenter pour annoncer leurs activités leurs concerts, faire écouter leurs compositions et partager leurs vidéos.
KB : Merci Jason d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Pour conclure cet entretien, que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir de l’ACALMI ?
JR : On a besoin de vous tous pour soutenir la création, la production, la réalisation, le développement de projets artistiques. Si vous souhaitez soutenir financièrement l’association pour les divers projets qu’elle porte ou aider des artistes dans leurs démarches artistiques, sans obligatoirement commander de Paniers, vous pouvez faire un don à l’association (à partir de 1€). Si vous souhaitez participer à la vie de l'association, sans obligatoirement commander de Paniers, vous pouvez tout simplement nous rejoindre en adhérant à l’association.
Interview réalisée par mail en septembre 2021.
Baron Nichts