Interview Zéro Absolu
10 juin 2012En attendant la kronique de son dernier album, Zéro Absolu est venu présenter le temps d’une interview son projet pour Kaput Brain.
Kaput Brain : Comment est né Zéro Absolu ?
Zéro Absolu : Le projet est né en 2006. Je rentrais alors de tournée avec Saonima, mon groupe de hardcore de l’époque, et je voulais monter un projet plus soft. Comme j’habite dans une petite ville, je n’ai pas trouvé tout de suite des musiciens pour me joindre. J’ai donc décidé de faire un projet solo en one man band à base de loops et de voir où ça me mènerait. Les retours ont été encourageants. J’ai donc décidé de garder la formule.
Zéro Absolu à Halmstadt (Suède) en avril 2012
KB : Pourquoi avoir choisi ce nom ?
ZA : A la base, je voulais rendre hommage au morceau Absolute Zero de Faith no more, mais en anglais ça sonne bof. En français, je trouvais ça plus joli. J’aime aussi la définition en physique du zéro absolu. Cette température utopique qui n’a jamais été atteinte serait une découverte considérable. Le jour où on arrivera à immobiliser les ions autours des atomes, ce sera par exemple le début de la cryogénie.
KB : Dans quel(s) genre(s) classeriez-vous votre musique ?
ZA : Je ne sais pas trop. C’est une question piège. Je n’ai pas vraiment de limites en compositions. Ça peut aller d’un instrumental post-bidule à quelque chose de plus rock et énervé, voir hardcore. Le plus important pour moi, c’est que la musique m’évoque quelque chose. Après c’est sûr, c’est très expérimental. J’aime l’idée que chacun s’en fasse sa propre définition.
KB : Quels groupes vous influencent particulièrement ?
ZA : Dur de répondre. J’écoute énormément de musique donc beaucoup de styles différents. Je ne fais pas vraiment parti d’une scène en particulier. Je dirai que c’est un melting pot de ma culture musicale. Après, je la définie comme un mix entre Mogwaï, Nine inch nails et Cult of luna.
KB : Vous êtes seul à bord de ce projet. Comment gérez-vous les différents instruments composant vos musiques ?
ZA : Tout est branché sur looper et numérisé. Je n’ai pas d’amplis et pas de batterie, mais venant du rock, j’essaye de rendre la chose le plus organique possible. Tous les instruments sont raccordés aux loopers donc sur des batteries préprogrammées. Ensuite, je crée en live les boucles qui construisent les morceaux : un coup de guitare, basse, claviers, chant…
Zéro Absolu à Nantes en juillet 2011
KB : Pas trop difficile de jouer seul sur scène ?
ZA : C’est évidemment plus difficile qu’en groupe. On est seul à bord du navire. On se sent vraiment nu devant les gens. D’un autre côté, l’émotion est beaucoup plus intense. Heureusement, j’ai aussi un groupe sur Lyon qui s’appelle Sport. Les deux projets me comblent pleinement. En fait, être seul sur scène peut être très jouissif. En groupe, c’est plus le côté complémentarité des musiciens que je trouve super cool. J’aime les deux.
Les violons d’automne…
KB : Votre dernier album s’intitule Automn. Une prédilection pour cette saison ?
ZA : Oui, parce que l’automne est une saison triste. L’été est fini et on attend l’hiver. C’est comme une espèce d’inter-saison. C’est aussi la période des changements, avec par exemple les rentrées scolaires, un nouveau travail… Il y a quelque chose de nouveau dans chaque automne. C’est en tout cas l’ambiance que j’ai voulu recréer sur l’album.
Pochette d'Automn
KB : Comment vous est venu l’inspiration pour cet LP ?
ZA : L’inspiration n’est pas un truc vraiment compréhensible. Parfois ça sort. D’autres fois, on a envie mais il n’y a rien qui sort. En général pour composer je me mets dans ma petite bulle, et après j’écoute. Si j’aime, je garde. Si j’aime pas, je jette. C’est quelque chose d’inexplicable. Je n’ai pas de rituel ou d’idées préconçues. J’aime que les choses viennent et se créent naturellement.
KB : L’ambiance de vos compositions est assez pesante, rappelant justement de longues journées d’automne. Sont-elles le reflet de vos états d’âme de cette période de l’année ?
ZA : (Rires) Peut-être, je ne sais pas. J’aime que chacun se fasse sa propre interprétation de ma musique. Je compose un peu la BO de ma vie. Mon dernier album est comme un agenda des mois d’automne mais pas forcément en rapport avec cette saison. La tristesse et l’ennui ne sont pas vraiment des facteurs de composition. Il vaut mieux être de bonne humeur pour se laisser transporter. Après le rendu à l’écoute est diffèrent. Il n’y a pas seulement ma musique qui me fait ça. Chaque groupe que j’aime représente des souvenirs, des choses importantes… J’aime vraiment cette notion de BO. Ma musique est personnelle, unique. C’est ça qui est cool.
KB : La musique éponyme de l’album sort du lot par ses sonorités rock prononcées. Pouvez-vous nous en dire plus à son sujet ?
ZA : Et bien comme je disais je viens plus du rock à la base. J’en avais composé une du même style avant. Après, c’est un challenge pour moi de faire sonner des morceaux sans que mes sons électro soient parasites. Automn est également un des plus vieux morceaux de l’album. Je l’ai en quelque sorte retrouvé dans mes vieux cartons d’archives. Quand je compose, je n’ai pas vraiment de ligne directrice. Je suis incapable aujourd’hui de te dire ce que j’avais dans la tête au moment de sa création.
Zero Absolu à Oslo en avril 2012
KB : Êtes-vous actuellement en tournée à la suite de la sortie de cet album ?
ZA : Je rentre tout juste de tournée. J’ai déjà fait cette année près de 60 concerts dans une quinzaine de pays. J’adore voyager et jouer, donc c’est parfait ! Après il est dur de développer un projet aussi expérimental. Mais j’ai eu de bonnes surprises ces derniers temps, et le soutien commence à bien se faire sentir. Donc, je continue d’y croire.
KB : Quels sont vos projets pour l’avenir ?
ZA : Dans l’immédiat, je dirais faire des concerts et préparer le 4éme album en parallèle à des projets de Split et à la sortie d’Automn en vynil. L’ennui n’est pas au programme ! Je vais continuer aussi avec Sport. C’est mon équilibre. Je serai triste si je n’avais que Zéro absolu.
KB : Un message à faire passer pour conclure ?
ZA : Merci à toi pour l’interview et longue vie à Kaput Brain ! Et un message plus personnel : BANDE DE SALAUDS !!!
Retrouvez Zéro Absolu sur son site et sur Myspace. La discographie de l'artiste est disponible sur Bandcamp.