Les Woip's, interview
18 déc. 2011Samedi 3 décembre, 18h. Une forte pluie et un brouillard épais envahissent la vallée de la Saulx. La route humide et la visibilité nulle est source de tous les dangers alors que la nuit se fait de plus en plus noire. C'est à croire que les Woip's, groupe ska/punk meusien, sont inatteignables depuis Robert-Espagne, village situé à quelques kilomètres de Bar-le-Duc. Pourtant, à force de prudence, le rédacteur de Kaput Brain arrive sur les lieux sans encombre. Le groupe finissant tranquillement sa répète dans son local, anciennement salon de coiffure, l'interview peut commencer.
Les Woip's de gauche à droite : Loic (guitare/chant)
Alexandre (chant/percussionniste/batterie)
Kaput Brain : pour commencer cette interview, racontez-moi les débuts des Woip's.
Alexandre : les Woip's sont nés en 2005 à Robert-Espagne. J'ai vu Loïc qui jouait seul de la gratte sur la place du village. Je me suis décidé à l'accompagner avec de la percu, que j'avais déjà pratiqué pendant 11 ans en cours de musique. Le groupé crée, on a commencé à répéter chez Mickaël, un pote à nous, qui nous a rejoint en tant que second guitariste. Bud s'est ensuite intégré au groupe pour chanter.
Loïc : au début, on jouait quatre-cinq morceaux en soirées pour le fun. Puis le groupe a évolué vers quelque chose de plus concret.
KB : pourquoi ce nom ?
A : le premier nom du groupe était en fait Di'Gip'si'woip's. Mais c'était trop long et compliqué ! Du coup, on a gardé les Woip's avec la petite connotation anglaise. Ça a été inspiré par ma prof d’anglais au lycée qui m'a fait chier avec ça. (Rires)
L : l'ancien nom du groupe était une référence au Gipsy Kings et à notre petit côté manouche (Rires)
A: pour info, le mot Woip's ne veut rien dire. L'inspiration nous est venu sans doute de nos premières compos.
KB : pourquoi jouez-vous ska/punk acoustique ?
L : pour jouer un peu partout. La guitare sèche et les percus ne demandent pas trop de logistique. On peut jouer sur une scène comme dans une fête. Et puis ça me changeait aussi des Kitchs Lorraines, mon ancien groupe exclusivement punk.
A : à vrai dire, je trouve que le ska des Woip's est original. Je ne connais personne d'autre qui joue comme Loïc.
L (l'air solennel) : Merci... (Rires)
KB : d’où viennent vos inspirations pour vos textes ?
L : de la bière ! (Rires)
A : plus sérieusement, c'est vachement varié. On peut aussi bien écrire des chansons engagées dénonçant la télé réalité ou Facebook que des chansons plus légères sur Bip Bip et le coyote. (Rires)
L : on écrit chacun de notre côté mais aussi ensemble. C'est important pour la création de nos textes. Chacun a son mot à dire.
KB : actuellement, vous êtes en formation duo. Où est passé l'autre moitié de l'équipe ?
A : Mika est parti parce qu'on ne répétait pas assez pour lui. Il pensait ne pas avoir le niveau, ce qui est faux. Bud lui n'aimait pas chanter dans un micro.
M : Ça ne l'empêche de nous écrire encore des textes ou de chanter avec nous depuis le public !
A : C'est un peu notre groupie ! (Rires)
KB : combien de concert avez-vous fait depuis vos débuts ?
L : si on compte les campings et les fêtes, je dirais environ 150.
A : on en a organisé entre 20 et 30, pour les feux de Saint-Jean notamment où on a fait jouer des groupes du coin.
L : on a été payé pour trois aussi (Rires) !
KB : quel est votre meilleur souvenir de concert ?
A : le Watts à bar, pour les moyens techniques et le son ! Même si c'est celui où je n'ai pas pris le plus mon pied. Mais on a quand même eu une bonne ambiance pour une ouverture de festival.
L : la fête de la musique de cette année au Temps Perdu à Bar-le-Duc. Vu comment que j'ai dansé, d'après les vidéos du concert, j'ai trouvé que c'était bien ! A Chaumont aussi pour la fête de la musique il y a trois ans. Petit à petit, les gens passaient et s'arrêtaient pour nous écouter. Du coup, on a eu beaucoup de monde ce soir-là.
KB : et le pire ?
A : notre concert à Punerot, dans les Vosges, toujours au point de vue technique. J'ai eu des soucis avec mes retours. Je me calais au visuel sur la guitare de Loïc. On a pas réussi à faire certaines de nos chansons.
L : moi, je dirais un concert à Trémont. On est allé à une soirée puis on s'est proposé pour jouer vu qu'on avait le matos dans nos caisses. Mais on était trop bourré. Au bout de trois chansons, ils ont remis leur sono (Rires). Le lendemain, je me souvenais pas d'avoir joué. Mais on s'est quand même bien marré ! J'aime bien tous les concerts qu'on a fait avec les Woip's.
Les Woip's sur CD
KB : en 2009, vous avez enregistré votre premier album Joie tracanière. Pourquoi ce nom ?
A : on a choisi ce nom en référence aux nom des habitants de Robert-Espagne : les tracaniers. C'est du vieux français. Ça vient je pense du mot « braconnier », ancienne activité de gens du village.
L : Tu pensais que c'était plus subtil ? (Rires)
KB : il contient toutes les chansons depuis les débuts du groupe ?
A : oui, à savoir 16 chansons, composées entre 2006 et 2009.
KB : comment à t-il était enregistré ?
L : Robin (alias Nolam, membre de Stratégie de Paix) nous a enregistré dans sa chambre en un après-midi avec un micro d'ambiance. Le son de l'album rend bien. On entend nos instruments et nos voix même si il faut bien monter le volume pour apprécier le tout.
A : on avait fait un premier essai piste par piste. Mais les morceaux perdaient de leur efficacité et de leur sincérité. Du coup, on a préféré l'enregistrement live !
KB : des retours de cet album ?
A : des fans et des potes oui. Sinon pas vraiment.
L : on a plutôt des retours de nos concerts. Je me souviens d'un jeune, fan de rap, qui était venu nous voir à Chaumont après notre concert pour la fête de la zic. Il avait vraiment apprécié notre set. C'était plutôt sympa !
KB : combien d'exemplaires vendus ou donnés ?
A : environ une cinquantaine. Pour l’anecdote, on a vendu notre premier CD à un gars de Rosapark (groupe punk de Nancy) lors d'un concert à la salle de la Libération à Bar-le-Duc.
KB : pour faire suite à cet album, vous avez je crois un nouvel enregistrement de prévu ?
A: oui, en janvier prochain, toujours avec Robin, histoire d'immortaliser douze-treize morceaux composés depuis Joie tracanière.
L : Ce sera l'occasion d'enregistrer des morceaux qu'on ne joue plus et aussi des reprises des Partizans 77. (ancien groupe punk de Loïc, ayant existé avant les Kitchs Lorraines). En fait, c'est un album sera un hommage à Rigo, mon ancien guitariste ! (Rires)
KB : un nom à donner pour ce deuxième album ?
L : A dos es Mejor. La pochette, avec notre nouveau logo, est déjà faite.
Logo des Woip's, alias Mouloud le chien
Le temps du changement
KB : depuis quelque mois, vous vous êtes mis à jouer certains de vos morceaux acoustique à la guitare électrique et à la batterie. Pourquoi ce choix ?
L : depuis que les Kitchs Lorraines s'étaient arrêtés, j'avais envie de reprendre la guitare électrique. Comme on avait acheté une batterie, on a essayé d'adapter certains de nos morceaux acoustiques. Et comme ça envoie bien le pâté, on a décidé de continuer ! (Rires)
A : perso, j'étais pas chaud. Je pensais galérer à adapter certains de nos morceaux, avec une rythmique djembé notamment. Mais ça se passe plutôt bien même si c'est musicalement plus difficile. La moindre erreur ne pardonne pas !
L : pour l'adaptation, on est dans une logique « couplet/ska » et « refrain/punk ». On fait aussi des morceaux entièrement punk.
KB : vos prochaines chansons seront des compositions uniquement électriques ?
A : ouai, uniquement électrique. On attend l'enregistrement de janvier pour continuer à composer.
L : au début de l'année, nos concerts étaient divisés en set acoustique et électrique. Mais depuis la fête de la musique, on joue uniquement en électrique.
KB : pour votre conversion en électrique, vous avez décidé d'embaucher PF (ancien bassiste des Kitchs Lorraines) à la basse. Pourquoi ce choix ?
A : avec la guitare électrique, on s'est dit qu'une basse serait pas mal pour donner de la profondeur à nos chansons. PF étant un ami bassiste, c'était l'occasion ! On était sur de bien s'entendre.
PF : J'avais envie de reprendre la basse. Je connaissais bien certains morceaux du groupe déjà en tant que spectateur. L'oreille musical à fait le reste !
L : pour la petite histoire, ça devait être un autre bassiste. Mais on le connaissait moins que PF. Du coup, on a changé d'avis. Et puis la venue de PF dans le groupe était l'occasion de refaire la fête avec lui à Robert-Espagne ! (Rires)
PF, nouveau bassiste des Woip's
KB : hormis le deuxième album et ce passage en électrique, vous avez des projets pour le groupe ?
L : on devait faire un concert au Temps perdu le 17 décembre. Mais ça été annulé. Du coup, pas de concerts prévus pour le moment.
A : avec le nouvel album, on pense démarcher dans les bars de la région. On va profiter aussi des mois à venir pour roder notre set avec PF.
KB : c'est noté. Un dernier mot pour conclure l'interview ?
PF : le reggae ça s'écoute pas, ça se fume !
L : nique sa mère le maire !
A : keep the beat !