Fort de deux LP exhumés à intervalle réduit, Jessica93 joue clairement les favoris de la scène rock française indépendante. Le parisien confirme cet automne son inspiration cafardeuse pour son troisième album Guilty Species. Le musicien confirme l’opacité de son univers à mi-chemin entre le punk et le grunge. Ses huit compositions interpellent par leurs sonorités crasseuses exacerbées dans une sobriété hypnotique. Étalant jusqu’à présent la litanie de ses accords à l’aide d’un looper, Jessica93 muscle désormais son jeu de riffs acérés et calibrés à la mesure. Le courroux emporte alors le musicien accompagné par sa fidèle boite à rythme grouillante de vie (Anti cafard 2000). Davantage muri et moins accessible que Rise, Guilty Species ne réserve pas moins quelques pépites lumineuses à l’efficacité pop (Mental Institution). L’homme-orchestre prend confiance et délaisse les réverbérations tendance new-wave de sa voix pour un chant plus légitime. L’ensemble trouve alors cohérence dans une production analogique poisseuse en adéquation totale avec son registre sépulcral. Entouré de ses nouveaux compères, dont le dessinateur David Snug, l’artiste mène une aventure collective pour un titre de l'album (Bed Bugs) en prémisse des concerts à venir. Avec Guilty Species, Jessica93 plaide coupable avec authenticité.

Baron Nichts
 


 
Retour à l'accueil